Isabelle Thiercy
Monsieur le Commissaire enquêteur,
Reconnaissant qu’une ville doit évoluer et qu’un cadre légal est nécessaire, il ne faut cependant pas oublier que ce sont des gens qui sont concernés et pour de longues années !Ce ne sont pas des marchandises dans des zones de stockage !
L’examen du projet, tel qu’il a été porté à la connaissance du public, amène plusieurs réactions rationnelles en faisant abstraction de nos cas personnels .
I Sur le P.O.S
II Sur le P.L.U.
III Sur l’Utilité Publique réelle du projet
1) Le projet de mise en conformité du P.O.S. sur les Bas Heurts, en vue de "faire coller" à tout prix un cadre légal avec un projet démesuré, représente une menacede une densification inacceptable pour l’évolution harmonieuse, humaine et raisonnée de la ville de Noisy le Grand.
La nouvelle zone UJ, avec une telle hauteur de façade, en faisant une totale abstraction de ce qui existe est en rupture complète, voire en opposition, avec le bâti environnant (noiséen ou non).
C’est une négation de l’évolution naturelle des choses !
2) De plus, la consultation du dossier d'enquête sur le P.L.U, présentée à la Direction de l’urbanisme, semble différer de celui, présenté à "La Fabrique" puisqu’il indique la création sur ce même secteur, d'une zone UBa1, autorisant une hauteur de façade de 18 m+4 m maximum, soit 22 m ou R+5+comble.
Quel document croire ? Pourquoi ne pas porter à la connaissance du public la même information complète et détaillée sur les deux registres ?
Les deux dossiers présentent de toute façon des projets disproportionnés et sources de nuisances pour tous les noiséens.
3) Quant à la soi-disant Utilité Publique du projet présenté,Ce n’est qu’une opération purement immobilière, camouflée derrière ce qui peut effectivement être utile (maison pour les personnes âgées, crèche …). Mais, pour ces équipements, il y a la place tout en augmentant significativement le nombre de logements, en intégrant les maisons existantes dans un environnement de petits collectifs résidentiels et d’activités publiques sans raser de maisons , ni chasser ceux qui ont fait et veulent continuer à faire Noisy le grand !
Encore une fois, il n’est pas question de refuser tout changement sur le quartieret ce n’est pas en martelant des contre vérités, ou en refusant tout réel dialogue avec la population, impliquant donc des aménagements notables au projet (92% d’opposition au projet reconnue lors du Conseil Municipal sur le bilan de la concertation).Le nombre de réactions a largement dépassé celui des personnes concernées par le projet (66% hors du périmètre concerné) prouvant la perception des incidences sur la ville entière ainsi que le rejet d’une décision arbitraire mettant à mal le respect des personnes.
Mettre autant de monde (l’équivalent de Gournay) sur 1% du territoire de Noisy est aberrant. Cette sur densification va générer des nuisances énormes en terme de sécurité et de convivialité, de circulation, de stationnement ainsi que l’explosion de la capacité d’accueil des transports (déjà saturés) et représentera undésert écologique, une rupture des liens sociaux et intergénérationnels, un déracinement des personnes âgées, la création d’une zone surpeuplée enclavée etc…. Y a t-il eu une réelle étude d’impact sérieuse, prenant en compte tous les paramètres, humains et urbanistiques? Tant le nombre et la gravité des effets négatifs du projet présenté me semblent avoir été "minorés" et devoir l’emporter sur tout autre bénéfice pour la ville.
a) Si le projet, dans la forme présentée par la mairie, était réellement d’Utilité Publique ;
Comment a t-on pu autoriser la construction de maisons neuves ?
Les arguments présentés pour "justifier" la ZAC,(proximité des transports, liaisons routières et centre ville etc…) sont justement de ceux qui ont participé du choix des nouveaux arrivants, en plus de la proximité avec leur lieu de travail ainsi que de leur famille. Eh oui ! ce sont aussi des gens qui ont "dé-cohabité" en leur temps et qui tiennent à leurs racines! et qui ont, le plus légalement du monde, demandé un permis de construire qu’on leur a accordé !
Si un tel besoin en logements existait, vu l’ampleur présumée, il devait être déjà connu depuis longtemps !
L’argumentaire, souvent présenté, de la création de l’Ecole de Police, du Lycée International et de Bercy III, tout prestigieux qu’ils soient, ne tient pas. L’Ecole de Police et le Lycée sont des structures qui vivent en autarcie avec un internat ! Quand aux employés de Bercy III, juste à 100 mètres du RER, ils ne vont pas déménager pour s’installer dans des immeubles
b) Il faut préserver le lien humain et social qui fait vivre une ville.
Chaque ville a son histoire et les échecs des villes "dortoirs", sorties de nulle part (ici, une fois tout rasé) ne doivent pas être reproduits. Il faut conserver ce mélange d’activités et d’habitat.
c) D’autre part, où est la densification raisonnée ?
Quand ce projet, s’il se réalisait, équivaudrait à une densification de plus de 150 logements / Ha :
- soit, 50% supérieur aux ZAC situées aux portes de PARIS (Dossier d' Études de ENAPV)
- conduit à des immeubles de R + 5 ou 6 étages (Plus hauts que ceux du centre de Noisy)
- sous- estime la capacité de voitures à stationner le long de son réseau routier, hors garages privatifs sous les constructions (1 par logement annoncés - environ 250 de possible).
d) Où est l’urbanisme "équilibré" ?
Quand on créé de telles densités sans en avoir, semble t-il, réellement recensé, ni porté à la connaissance de tous, les impacts sur la circulation (« Aujourd’hui c’est difficile à analyser… C’est relativement compliqué d’étudier les flux générés par une population supplémentaire »- a t il été répondu devant tous, lors de la 1ère réunion publique de "concertation" salle Gérard Philipe, le 7/10/04) , sur l’environnement ou le tissu social .
En sur densifiant ce quartier afin de pouvoir "faire une moyenne" présentable au niveau de l’ensemble de la commune, celui ci subirait « la propension à rejeter les nécessaires aménagements dans le jardin du voisin », que l’on voudrait nous reprocher en refusant ce projet en l’état.
Un véritable équilibre , « dans l’intérêt général de tous »,est une égale répartition des charges entre tous !
À moins que la municipalité ne veuille également "densifier de la même façon raisonnée" les autres quartiers …
(Lors de cette même Réunion Publique, l’objectif annoncé était d’arriver à 70 000 habitants sur Noisy ? Or, deux ans plus tard, dans la même salle, lors de la première réunion sur le PLU, il est annoncé un objectif de 75 000 habitants !)
e) Vu la situation géographique du projet, cela créera un ghetto entre Bry-sur-Marne et Noisy centre, sans aucune cohérence ni progressivité avec le voisinage pavillonnaire immédiat.
La ZAC en projet est :
- coupée de NOISY par le talus de la liaison ARCADE- NEUILLY.
- en contrebas du futur MAILLE HORIZON, accentué par le passage en tunnel du RER.
- en limite immédiate du quartier pavillonnaire de la Ville de BRY sur MARNE
Les rues proches (y compris celle de Bry-sur-Marne, limitrophes) vont servir de solutions:
- d'accès et de sortie privilégiés aux voitures de la ZAC en projet
- de parking aux voitures excédentaires, des habitants de la ZAC en projet
Il n'a pas été bien pris en compte des flux circulatoires au vu de l’importance du projet exposé :
- des accès directs au centre administratif (Mairie/centre-ville) et commerciaux de NOISY,
- un plan de circulation de la ZAC en projet qui permette la circulation correcte de et vers l' A4 ainsi que la liaison NOISY/NEUILLY)
Ce projet de ZAC se doit:
- d' inclure les aménagements de la zone EPAMARNE dédier aux équipements mixtes (Tertiaire et Habitats mélangés)
- d’être intimement lié aux périmètres d' études déjà votés pour le Quartier de la Varenne (dont font partie les Bas Heurts)
f) Par rapport à la saturation actuelle des transports, des écoles et du lycée.
Du fait du relief, il est plus facile d’aller sur la gare de Bry sur Marne déjà en surcapacité.
Le lycée quant à lui est déjà plein puisque des préfabriqués sont prévus, pour accueillir des salles manquantes et ce ne sont pas les constructions futures (nouveau lycée prévu sur Neuilly sur Marne, ou le Lycée International à vocation, comme son nom l’indique, international et non pas exclusivement noiséen) qui résoudront les choses. Qu’est-il envisagé pour absorber tout cette nouvelle population ?
Pour les transports, il a été répondu (toujours le 7/10/04)
«cela évitera peut -être, que ces gens là traversent Paris d’Est en Ouest pour trouver du travail . Aujourd’hui c’est difficile à analyser… C’est relativement compliqué d’étudier les flux générés par une population supplémentaire ».
Pour le reste , aucune réponse ou prévision n’a été apporté si ce n’est qu’est apparu ,juste après, le périmètre B avec un groupe scolaire, uniquement généré par le projet, mais élargissant la zone initiale du périmètre d’étude
g) Pour la liste des équipements jugés "manquants" sur la commune :
-Une crèche collective de 40 places
-Une crèche familiale de 35 places
-Une halte garderie
-Une résidence pour personnes âgées (de quelle capacité, avec quels financement ?)
Ces équipement peuvent tout à fait trouver place au pieds de logements collectifs sur la zone, sur les terrains déjà disponibles et dont les accès routiers sont facilement aménageables, sans expropriation.
- 2 salles d’évolutions sportives
- 1 lieu "d’activités jeunes"
Pourquoi ne pas transformer en conséquence le gymnase de La Varenne ainsi que la Maison Pour Tous ?
Juste sur le trottoir en face du périmètre. L’échéancier des travaux, ainsi que le déplacement temporaire des activités est tout à fait gérable par les services municipaux qui se sont montrés compétents sur ce genre de problématique, entre autre, quand le gymnase de la Butte Verte a brûlé.
h) Quant à l’équilibre budgétaire du projet , il a été répondu :
« Au niveau financier de l’opération, il est difficile de prévoir, le foncier a augmenté…je pense que l’équilibre sur l’ensemble de la zone devrait être acquis »
Quel pari sur l’avenir !
i) De plus, cela créera un véritable désert écologique.
Ce n’est pas en plantant de la pelouse et des arbres d’ornement, comme dans le centre ville, que l’on remplacera les grands arbres et la biodiversité actuels. Environnement nécessaire à la faune de toute sorte, alliée naturelle de tout écosystème .
Actuellement, sur la zone, se trouvent toute une faune ailée (Pic verts, geais, pipistrelles, éperviers…) ayant besoin de grands arbres et de niches tranquilles, une myriade d’insectes pollinisateurs ainsi que nombres d’animaux qui se trouvent utiles comme prédateurs , régulateurs ou révélateurs de dérèglements de l’environnement naturel maltraité par les activités humaines.
D’ailleurs, toujours lors de cette première réunion d’octobre 2004, à la salle Gérard Philipe, la réponse à ceux qui s’inquiétaient sur ce sujet a été: « Il n’y aura pas d’îlots verts dans tous les quartiers de la ville ».
Avant d’élaborer un projet, il vaudrait mieux évaluer toutes les conséquences, y compris humaines, mais aussi son contexte environnemental, sans faire table rase de l’existant.
Non !Ce projet n’est pas d’Utilité Publique nous reconnaissons uniquement l’utilité d’une utilisation raisonnée des espaces libres disponibles ou acquis par la municipalité ou la SOCAREN sans chasser les actuels habitants.
Une alternative, uniquement dans le but de prouver que d’autres solutions sont possibles tout en intégrant les activités futures sur la ville et en évitant les méfaits du "zoning",a été proposée par des étudiants de l’Ecole Nationale d’Architecture de Paris la Vilette (ENAPV)pour éviter les côtés néfastes du projet municipal qu’ils ont analysé. Analyse et propositions validées par leurs enseignants réputés.
Voulant faire un réel projet, crédible financièrement et humainement parlant, en tirant les leçons des erreurs urbanistiques passées), ils ont proposé une diversification et une combinaison des habitats ( du petit immeuble collectif R+2 / R+3 maximum, à la maison particulière isolée en passant par l'habitat intermédiaire, l'individuel groupé en bande ) répondant à une évolution naturelle de la ville. Sans raser quoi que ce soit !
Tout cela, en tenant compte des impératifs d’orientation régionaux :
« Pour répondre au souhait de la Région que "le Schéma Directeur de la Région Île de France (SDRIF) concilie densité/compacité et aération de la ville", la commission Île de France Environnement (IDFE) fait observer que ces quartiers contribuent à cette aération et que leur "capacité", s'ils sont proches de gares, peut être améliorée sans les dénaturer, en permettant dans les règlements des PLU :
a)- l'agrandissement limité, au-delà des possibilités du COS, de maisons construites sur de petits terrains, pour permettre aux familles de s'agrandir,
b)- l'agrandissement de pavillons pour y créer un logement supplémentaire,
c)- et sur les grands terrains qui pourraient se libérer, la limitation du volume des constructions possibles, pour permettre l'implantation de petits immeubles de quelques appartements s'intégrant bien avec le voisinage. »
C'est à dire, exactement la préconisation de l’association de défense du quartier .Sans expropriation.
En résumé, une "densification raisonnée" du bâti existant, en réelle concertation avec les habitants du lieu et de leur environnement, est utile pour compléter la remise en cause des habitudes en matière de densité construite dans les zones à urbaniser.
De plus, la recherche, sur le périmètre, d’un « équilibre entre les différentes formes d’habitat » était clairement écrit sur les panneaux de l’exposition à La Fabrique :
Pourquoi, dans ces conditions, vouloir tout raser pour construire des immeubles ?
Où est l’équilibre entre les différentes formes d’habitat sur le secteur ?
D’autres solutions, préservant les maisons actuelles, en aménageant sur les terrains libres, existants sur la zone, sont donc bien envisageables, à condition de le vouloir ! Avec une réelle concertation.
Sur l’expérience de l’AFUA,souvent rapportée comme argument contre les gens du secteur, c’est encore une allégation orientée, pour faire porter la responsabilité de la situation actuelle sur les seules épaules des habitants du quartier et faisant abstraction des nouveaux arrivants, qui devraient aussi "payer" un hypothétique manque de discernement de leurs prédécesseurs, bien qu’on leur ait, le plus légalement du monde accordé des permis de construire récents!
Selon des habitants Présents à cette époque :
Lors d'une Assemblée Générale Extraordinaire de l’AFUA, le 2 avril 1997, les propriétaires n'ayant pas réussi à se mettre d'accord sur la répartition des charges, le remembrement volontaire devenait difficilement envisageable, et l'AFUA fut dissoute. En fait, il apparaît que sur 36 propriétaires représentant une surface totale de 36 196 m², 24 se sont prononcés pour la dissolution, 9 contre et 3 se sont abstenus. Précisons que la ville de Noisy le Grand, propriétaire de 5548 m² soit 15% du territoire s'est abstenu, alors que Monsieur le Préfet de Seine Saint Denis dans un courrier de décembre 1995 avait bien précisé que toute abstention serait considérée comme s'étant prononcé pour la dissolution.
Or, visiblement, le projet avait été initialement engagé par Madame Richard en 1991, différentes solutions ont été étudiées, ce qui a occasionné des frais. En 1995, la dette semble tout simplement avoir été soldée pour finalement voter l'enterrement de l'AFUA le 2 avril 1997.
Ultérieurement, le Président de l'AFUA a eu l'occasion de préciser que la ville n'avait pas joué le jeu dans cette affaire, en s'abstenant de voter le 2 avril 1997. Si la ville avait vraiment voulu un remembrement, elle n'aurait pas voté pour la dissolution de l'Association. Toutefois, dans le cadre de ce projet de remembrement, par voie de préemption, la ville en a profité pour acquérir plusieurs parcelles, et précisait qu'elle conserverait ses biens et qu'il n'y aurait pas de rétrocession.
Enfin, dans sa séance du 19 octobre 1998, la municipalité précisait qu'une réflexion était actuellement menée sur l'ensemble du périmètre de l'AFUA, portant à terme sur la réalisation de logements intermédiaires en petits collectifs et maisons de ville préconisée dans le cadre du Programme Local de l'Habitat (PLH), de la ville.
Effectivement, dans le PLH approuvé en Conseil Municipal le 17 juin 1999 et toujours en vigueur, (Chapitre : Scenario retenu et programmation - Schéma d'objectifs et d'actions - Fiches actions), nous trouvons page 15 : « Le périmètre de l'AFUA couvre en superficie environ 3,6 ha... La commune, propriétaire d'une partie des terrains pourrait d'ores et déjà élaborer un projet sur les parcelles la concernant. La maîtrise foncière permettrait également l'intégration de quelques programmes locatifs sociaux dans un projet d'ensemble ».
Bref ! Il est possible de respecter les habitations existante tout en augmentant le nombre de logement sur la zone puisque cela avait déjà été envisagé par la municipalité !
Ne répétons pas les erreurs du passé. La vie n’est pas un jeu de "Monopoly" ni une abstraction ou une figure de rhétorique !
C’est pourquoi, je vous demande de ne pas donner de suite favorable à ce projet.